Faisons de 2021 l’année de la civilité !
2021-02-01
Les Affaires
Les dernières semaines ont été riches en exemples d’incivilité. Pensons à la transition présidentielle américaine, alors que le président sortant a bafoué toutes les règles non écrites de passation de pouvoir ordonnée ou au comportement délétère de l’ancienne gouverneure générale du Canada. Pensons aussi à la difficulté pour certaines personnes de respecter les règles sanitaires, faisant ainsi courir des risques accrus au reste de la population.
En fait, nous n’avons pas à aller bien loin pour nous rendre compte que les incivilités — ces microcomportements contraires à la civilité englobant les règles de vie en société — sont omniprésentes dans nos vies quotidiennes. Texter pendant une rencontre, omettre volontairement de saluer un collègue, assister à une rencontre Zoom sans ouvrir sa caméra ou encore prendre tout le crédit d’un travail collectif sont autant de démonstrations de manque de respect, de collaboration et de savoir-vivre.
Que ces actes soient commis consciemment ou pas, ils affectent la personne qui les reçoit…
Que ces actes soient commis consciemment ou pas, ils affectent la personne qui les reçoit. Celle-ci peut se sentir blessée, non respectée, voire même exclue. Plus souvent qu’on ne le pense, l’incivilité est source de conflits, de malaises et de problématiques relationnelles.
Il ne faut donc pas banaliser la notion de civilité. En effet, les gestes d’incivilité, qui sont normalement de faible intensité sont devenus inacceptables en milieu de travail. Pour Manon Perreault, présidente de Perreault & Associés, ils sont souvent l’embryon de situations devenant plus graves et plus complexes dont les conséquences peuvent être dommageables, voire irréparables.
Ces gestes peuvent même constituer du harcèlement psychologique, de l’intimidation ou de la violence selon le contexte et la gravité de l’événement. Et ce, même en l’absence de répétitivité ou d’intensité des impacts. D’ailleurs, selon Manon Perreault, les gestes à l’origine de ces situations sont nécessairement des gestes incivils.
Les CA n’y échappent pas
Bien que les lois soient claires à l’égard de l’instauration et du maintien d’un climat sain au sein des organisations, les administrateurs ont souvent l’impression que les règles de civilité, de harcèlement psychologique ou autre ne les visent pas. Or, c’est tout le contraire! À titre de représentants ultimes de l’employeur, les membres du CA, comme les gestionnaires de tous les niveaux, doivent faire preuve d’exemplarité.
Ainsi, les gestes d’incivilité comme couper la parole de façon systématique, monopoliser les échanges, utiliser un ton fort ou agressif, humilier une personne devant un groupe, avoir un langage grossier, ne pas assumer ses erreurs ne sont que des exemples de gestes incivils à proscrire au conseil d’administration et dans votre organisation, peu importe sa taille, son importance ou son milieu.
Dans toutes les situations de harcèlement psychologique, de conflits ou de situations ambiguës, nos valeurs, notre éducation, nos croyances, les préjugés que nous entretenons et les stéréotypes existants influencent notre capacité à identifier les problématiques et surtout à les régler. Manon Perreault reconnaît que cela demande un certain courage managérial que d’aller à l’encontre d’un groupe ou encore des règles conventionnelles et des pratiques jusqu’alors tolérées dans l’organisation. « Il faut faire preuve de sensibilité éthique si on veut faire les changements que la société demande de faire », dit-elle.
Que faire?
La bonne nouvelle est que l’incivilité est facile à détecter. Dès qu’on en est victime ou témoin, il faut agir rapidement et directement auprès de la personne qui est la source de cette incivilité.
Le savoir-être au sein des conseils d’administration est une compétence de plus en plus prisée. D’ailleurs, le début d’année se prête bien à une introspection à cet égard. Vous pourriez commencer l’année du bon pied en définissant les règles de base de civilité au sein de votre CA, tout comme les comportements attendus et ceux prohibés.
Gérer le droit de parole, respecter et considérer les opinions des autres, attendre son tour pour s’exprimer, être ponctuel, maintenir les règles de politesse, cela peut paraître banal… Pourtant, ces comportements positifs contribuent à une culture positive et mobilisatrice au sein du CA et constituent un exemple pour toute l’organisation.
La rédaction d’un guide de civilité, ou d’un code de conduite fait partie des bonnes pratiques organisationnelles. Lorsqu’on rédige un tel document, il faut toutefois faire preuve de cohérence et de rigueur : il faudra soi-même le respecter, le faire respecter et intervenir, le cas échéant.
En résumé, l’exemple du CA aura des répercussions sur toute l’organisation. Le CA fait partie intégrante de l’organisation et est soumis aux mêmes règles éthiques et légales que l’organisation que vous gouvernez.
Alors en 2021, pourquoi ne pas vous démarquer en plaçant la civilité au cœur de vos actions!