Avec l’arrivée récente d’outils d’intelligence artificielle performant tels que Chat GPT, CopyAI, NotionAI et MidJourney, il semble désormais pertinent de commencer un texte par ce type d’avertissement. Si l’IA est sur toute les lèvres en 2023 et que plusieurs l’ont testé avec d’agréables surprises, force est de constater que les usages répandus en entreprise – et leurs transformations associées – sont encore à venir.

Lancé en mars 2023, Microsoft Copilot, est certainement un des outils qui risque d’être très présent dans quotidien des travailleurs et des gestionnaires au cours des prochains mois et des prochaines années. Les promesses de Microsoft sont ambitieuses en nous offrant de libérer les gestionnaires des « tâches fastidieuses qui leur font perdre du temps, de la créativité et de l’énergie » tout en les reconnectant « à l’âme de leur travail ». Mais quels seront les usages et impacts réels de l’IA générative dans le quotidien de ceux-ci ? Au-delà des promesses et des risques annoncés de disparition de certains emplois, voici un début de réflexion sur l’avenir de la profession de gestionnaire qui sera particulièrement touchée par l’IA.

L’IA promet de changer la donne, mais les gestionnaires ne disparaitront pas pour autant

Une recherche sur le Web nous présente à la fois des articles qui prédisent la disparition des gestionnaires dans l’entreprise (voir, entre autres, l’article de Forbes) et d’autres qui affirment le contraire (comme c’est le cas pour le Harvard Business Review). La réalité se trouve fort probablement à mi-chemin.  D’une part, le gestionnaire sera plus efficace et pourra ainsi gérer de plus grandes équipes. D’autre part, l’IA reste peu efficace dans l’analyse des signaux faibles, la contextualisation et la réflexion lente (slow thinking) qui mènent souvent aux idées innovantes. En effet, une étude du cabinet conseils Accenture et reprise par HBR, estime que 54% du temps passé par les gestionnaires correspond à des tâches administratives et de contrôle alors que seulement 7% est passé à développer et engager leurs équipes.

L’IA promet de changer la donne, mais les gestionnaires ne disparaitront pas pour autant puisque l’IA est mauvaise notamment à faire du recadrage qui ne consiste pas à résoudre le problème, mais à définir quel est exactement le problème à résoudre.

D’autant plus que jusqu’à présent, les modèles d’IA ont été entraînés dans une logique d’« exploitation » plutôt qu’une logique d’« exploration ». Selon la logique « d’exploitation », ces modèles doivent résoudre une tâche et donner la réponse qui est statistiquement la plus valable possible. Actuellement, des chercheurs travaillent à développer des modèles d’IA qui sont entraînés en mode « exploration ».  Un peu comme pour le développement du cerveau d’un enfant, ces modèles sont entraînés pour identifier les signaux faibles, donner du sens, connecter les idées entre elles et, éventuellement, innover. Il semble que ce pourrait être une réalité un jour… Pour l’instant, les gestionnaires resteront bien en place pour guider leurs organisations dans l’incertitude, les changements et la complexité de notre réalité d’affaires.

Toutefois, il est fort à parier que le rôle des gestionnaires – de même que les interactions avec leurs équipes – évolueront grandement. Aussi, il importe de commencer dès maintenant à s’approprier les nouveaux usages de l’IA dans nos PMEs pour gagner en efficience, mais surtout pour miser sur le pouvoir de l’IA qui offre de nouvelles possibilités d’affaires ou d’innovation de modes de travail. Qui sait, peut-être que nous nous reconnecterons même reconnectant à « l’âme de notre travail »!

Ah!, et ce billet de blogue n’a pas été écrit avec l’aide de l’IA générative!

Lecture complémentaire : Accenture, “A new era of generative AI for everyone“, 2023