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Uber : crise au conseil d’administration?

2017-10-16

Gouvernance

À travers le monde, l’icône de la disruption chamboule l’industrie du taxi. Uber s’impose. Uber dérange. Mais, d’où vient cette entreprise nouveau genre? En 2008, Travis Kalanick, le fondateur d’Uber, était incapable de dénicher un taxi dans les rues de Paris. Cette difficulté a été l’embryon d’une idée toute simple : héler un taxi en utilisant une application mobile. Aujourd’hui, les tentacules d’Uber s’étendent dans plus de 632 villes du monde.

Le concept d’Uber est simple :

  • mettre sur pied un réseau de partenaires-chauffeurs indépendants interconnectés avec un réseau de clients abonnés qui commandent une course de taxi via une application web;
  • prélever une commission sur la course de taxi payée en ligne.

La stratégie chasse-neige d’Uber ne se fait pas sans heurts. Partout où Uber passe, les régulateurs jonglent maladroitement avec cette patate chaude du numérique hors norme. À un tel point qu’Uber s’érige en championne de la désobéissance sociale pour défricher les sentiers du transport numérique. En effet, elle croule sous les poursuites judiciaires pour des infractions commises aux lois et aux règlements des pays qu’elle conquiert. Les chauffeurs de taxi traditionnels s’opposent et manifestent contre cet ennemi nouveau genre qui gruge leur gagne-pain.

Le fondateur d’Uber est reconnu pour sa personnalité atypique et ses agissements perturbateurs qui ont entaché la réputation de l’entreprise. À un tel point qu’il a été poussé vers la sortie par des investisseurs inquiets à la suite d’allégations de harcèlement sexuel d’une ancienne employée et de vols de secrets commerciaux auprès de Google. Google a d’ailleurs intenté une poursuite contre Uber. À la fin de l’été 2017, le conseil d’administration d’Uber a nommé Dara Khosrowshahi, l’ancien dirigeant d’Expedia, comme nouveau PDG.

Uber, l’icône de la disruption bouscule la manière de faire le taxi avec ses partenaires-chauffeurs que l’on hèle sur le web.

Au conseil d’administration, rien ne va plus. Le climat est vicié. Des factions s’opposent. En effet, le conseil d’administration est divisé par les partisans du fondateur et ses détracteurs. En démissionnant, le controversé PDG est demeuré administrateur et a conservé le droit de nommer deux autres administrateurs. Le fondateur vient de nommer unilatéralement deux administrateurs de grandes pointures sans le consentement du conseil d’administration :

  • Ursula Burns, ancienne PDG de Xerox;
  • John Thain, anciennement PDG de Merrill Lynch, qui a également dirigé la Bourse de New York (NYSE).

Avec ces nominations, le conseil d’administration passe de neuf à onze administrateurs.

Cette crise à la gouvernance plonge Uber dans une autre période d’incertitude alors qu’elle tente d’effacer son passé trouble avec un nouveau PDG à bord. Elle soulève également des questionnements sur l’indépendance des administrateurs. Malgré sa croissance fulgurante, les défis d’Uber sont colossaux.

Comment le conseil d’administration et les dirigeants d’Uber peuvent-ils assurer la pérennité d’Uber malgré la tempête de controverses et de poursuites qui s’abat sur l’entreprise à travers le monde?

Comment rétablir la réputation d’Uber entachée par les agissements de son fondateur alors que celui-ci siège au sein de son conseil d’administration?

Son succès à long terme doit reposer sur un leadership affirmé et une solide gouvernance. En tout temps, le conseil d’administration doit préserver le meilleur intérêt d’Uber au-delà de la partisanerie qui le tiraille. Le départ du fondateur est inévitable.